Ce samedi 26 octobre, le Pape François a remercié les plus de 350 pères et mères synodaux pour leur travail à l’occasion de cette deuxième assemblée synodale tenue depuis le 2 octobre au Vatican. Le document final du synode est pour lui comme «le fruit de plusieurs années, au moins trois, au cours desquelles nous nous sommes mis à l’écoute du Peuple de Dieu».
Le document final voté ce samedi 26 octobre est désormais publié (disponible pour le moment en anglais) et ne fera pas l’objet d’une exhortation apostolique post-synodale, contrairement à l’usage. En effet, pour lui, «le document contient déjà des indications très concrètes qui peuvent servir de guide pour la mission des Églises, sur les différents continents, dans des contextes différents». François a décidé qu’il devait être diffusé immédiatement afin qu’il puisse inspirer la vie de l’Église, car maintenant, «à la lumière de ce qui a émergé du chemin synodal, il y a et il y aura des décisions à prendre». Cependant «le processus synodal ne s’achève pas avec la fin de l’assemblée -qui se termine avec la messe présidée par François- il comprend la phase de mise en œuvre» (§ 9). Il s’agit d’impliquer tout le monde dans le «cheminement quotidien avec une méthodologie synodale de consultation et de discernement, en identifiant des moyens concrets et des parcours de formation pour parvenir à une conversion synodale tangible dans les diverses réalités ecclésiales» (§ 9).
Dans le document, les évêques en particulier sont beaucoup interrogés sur leur engagement en faveur de la transparence et de la responsabilité, tandis que -comme l’a également déclaré le cardinal Férnandez, préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi- un travail est en cours pour donner plus d’espace et de pouvoir aux femmes.
Introduction
L’introduction au document (1-12) met d’emblée en évidence l’essence du Synode comme «une expérience renouvelée de la rencontre avec le Seigneur ressuscité que les disciples ont eue au Cénacle le soir de Pâques» (1). «En contemplant le Ressuscité, affirme le texte, nous avons aussi vu les signes de ses blessures (…) qui continuent à saigner dans le corps de tant de frères et sœurs, également à cause de nos péchés. Notre regard sur le Seigneur ne se détourne pas des drames de l’histoire, mais ouvre les yeux pour reconnaître la souffrance qui nous entoure et nous pénètre: les visages des enfants terrifiés par la guerre, les pleurs des mères, les rêves brisés de tant de jeunes, les réfugiés qui affrontent de terribles voyages, les victimes du changement climatique et de l’injustice sociale» (2).
Le Synode, rappelant les «trop nombreuses guerres» en cours, s’est associé aux «appels répétés à la paix du Pape François, condamnant la logique de la violence, de la haine et de la vengeance» (2). En outre, le chemin synodal est nettement œcuménique – «orienté vers une unité pleine et visible des chrétiens» (4), et «constitue un véritable acte d’approfondissement de la réception» du Concile Vatican II, prolongeant «son inspiration» et relançant «pour le monde d’aujourd’hui sa force prophétique» (5). Tout n’a pas été facile, reconnaît le document: «Nous ne cachons pas que nous avons expérimenté en nous-mêmes la fatigue, la résistance au changement et la tentation de faire prévaloir nos idées sur l’écoute de la Parole de Dieu et la pratique du discernement» (6).
Le coeur de la synodalité
La première partie du document (13-48) s’ouvre sur des réflexions partagées sur «l’Église Peuple de Dieu, sacrement de l’unité» (15-20) et sur les «racines sacramentelles du Peuple de Dieu» (21-27). C’est un fait que, précisément «grâce à l’expérience de ces dernières années», le sens des termes «synodalité» et «synodal» a été «mieux compris et de plus en plus vécu» (28). Et «ils ont été de plus en plus associés au désir d’une Église plus proche des personnes et plus relationnelle, qui soit la maison et la famille de Dieu» (28).
«En termes simples et synthétiques, on peut dire que la synodalité est un chemin de renouveau spirituel et de réforme structurelle pour rendre l’Église plus participative et missionnaire, c’est-à-dire pour la rendre plus capable de marcher avec chaque homme et chaque femme en rayonnant la lumière du Christ» (28). Conscients que l’unité de l’Église n’est pas l’uniformité, «l’appréciation des contextes, des cultures et des diversités, et des relations entre eux, est une clé pour grandir en tant qu’Église synodale missionnaire» (40). Avec la relance des relations également avec d’autres traditions religieuses en particulier «pour construire un monde meilleur» et dans la paix (41).
La conversion des relations
«L’appel à une Église plus capable de nourrir les relations: avec le Seigneur, entre hommes et femmes, dans les familles, dans les communautés, entre tous les chrétiens, entre les groupes sociaux, entre les religions, avec la création» (50) est le constat qui ouvre la deuxième partie du document (49-77), lequel n’oublie pas «non plus ceux qui partageaient la souffrance de se sentir exclus ou jugés» (50).
«Pour être une Église synodale, il faut donc une véritable conversion relationnelle. Nous devons réapprendre de l’Évangile que le soin des relations et des liens n’est pas une stratégie ou un instrument pour une plus grande efficacité organisationnelle, mais que c’est la manière dont Dieu le Père s’est révélé en Jésus et dans l’Esprit» (50). Précisément, «les expressions récurrentes de douleur et de souffrance des femmes de toutes les régions et de tous les continents, laïques et consacrées, au cours du processus synodal, révèlent combien souvent nous n’y parvenons pas» (52).
«L’appel au renouvellement des relations dans le Seigneur Jésus résonne dans la pluralité des contextes, liée au pluralisme des cultures» avec, parfois aussi, «les signes de logiques relationnelles déformées, parfois opposées à celles de l’Évangile» rappelle en particulier le document. (53). La charge est directe: «Les maux qui affligent notre monde trouvent leurs racines dans cette dynamique» (54), mais «la fermeture la plus radicale et la plus dramatique est celle envers la vie humaine elle-même, qui conduit au rejet des enfants, dès le ventre de leur mère, et des personnes âgées» (54).
Les «charismes, les vocations et les ministères pour la mission» (57-67) sont au cœur du document, qui met l’accent sur une participation plus large des laïcs. Le ministère ordonné est «au service de l’harmonie» (68), affirme le texte, et en particulier «le ministère de l’évêque» est de «composer les dons de l’Esprit dans l’unité» (69-71). Parmi les différentes questions, il a été noté que «la relation constitutive de l’évêque avec l’Église locale n’apparaît pas aujourd’hui avec suffisamment de clarté dans le cas des évêques titulaires, comme par exemple, les représentants du Pape et ceux qui servent dans la Curie romaine». Avec l’évêque, il y a «les prêtres et les diacres» (72-73), pour une «collaboration entre les ministres ordonnés au sein de l’Église synodale» (74).
L’expérience de la «spiritualité synodale» (43-48) est donc significative, avec la certitude que «si la profondeur spirituelle personnelle et communautaire fait défaut, la synodalité se réduit à un expédient organisationnel» (44). C’est pourquoi, note-t-on, «pratiqué avec humilité, le style synodal peut faire de l’Église une voix prophétique dans le monde d’aujourd’hui» (47).
La conversion des processus
Dans la troisième partie du document (79-108), on souligne d’emblée que «dans la prière et le dialogue fraternel, nous avons reconnu que le discernement ecclésial, le soin des processus de décision et l’engagement à rendre compte et à évaluer les résultats des décisions prises, sont des pratiques par lesquelles nous répondons à la Parole qui nous montre les chemins de la mission» (79).
En particulier, «ces trois pratiques sont étroitement liées. Les processus de prise de décision nécessitent un discernement ecclésial, qui requiert l’écoute dans un climat de confiance, que la transparence et la responsabilité soutiennent. La confiance doit être mutuelle: ceux qui prennent les décisions doivent pouvoir faire confiance et écouter le peuple de Dieu, qui à son tour doit pouvoir faire confiance à ceux qui détiennent l’autorité» (80).
«Le discernement ecclésial pour la mission (81-86), en effet, n’est pas une technique d’organisation, mais une pratique spirituelle à vivre dans la foi et n’est jamais l’affirmation d’un point de vue personnel ou de groupe, ni ne se résout en une simple somme d’opinions individuelles» (82). «L’articulation des processus de décision (87-94), la transparence, la responsabilité, l’évaluation (95-102), la synodalité et les organes participatifs» (103-108) sont des points centraux des propositions contenues dans le document, qui ont émergé de l’expérience du Synode.
La conversions des liens
«À une époque où l’expérience des lieux d’enracinement et de pèlerinage de l’Église se transforme, il est nécessaire de cultiver sous de nouvelles formes l’échange des dons et le tissage des liens qui nous unissent, soutenus par le ministère des évêques en communion entre eux et avec l’évêque de Rome»: telle est l’essence de la quatrième partie du document (109-139). L’expression «enracinés et pèlerins» (110-119) nous rappelle que «l’Église ne peut être comprise sans être enracinée dans un territoire concret, dans un espace et un temps où se forme une expérience partagée de rencontre avec Dieu qui sauve» (110). L’accent est également mis sur les phénomènes de la «mobilité humaine» (112) et de la «culture numérique» (113).
Dans cette perspective, souligne le texte final, «marcher ensemble en différents lieux comme disciples de Jésus dans la diversité des charismes et des ministères, ainsi que dans l’échange des dons entre les Églises, est un signe efficace de la présence de l’amour et de la miséricorde de Dieu dans le Christ» (120).
«L’horizon de communion dans l’échange des dons est le critère inspirateur des relations entre les Églises» (124). D’où les «liens d’unité: Conférences épiscopales et Assemblées ecclésiales» (124-129). La réflexion synodale sur le «service de l’évêque de Rome» (130-139) est particulièrement significative. Dans un esprit de collaboration et d’écoute, «avant de publier d’importants documents normatifs, les dicastères sont invités à entamer une consultation avec les Conférences épiscopales et les organismes correspondants des Églises orientales catholiques» (135).
Former un peuple de disciples missionnaires
«Pour que le saint peuple de Dieu puisse témoigner de toute la joie de l’Évangile, en grandissant dans la pratique de la synodalité, il a besoin d’une formation adéquate: avant tout à la liberté des fils et des filles de Dieu à la suite de Jésus-Christ, contemplée dans la prière et reconnue dans les pauvres», affirme le document dans sa cinquième partie (140-151).
«L’une des demandes qui a émergé le plus fortement et de toutes parts au cours du processus synodal est que la formation soit intégrale, continue et partagée» (143). Dans ce domaine également a été relevée l’urgence de «l’échange des dons entre les différentes vocations (communion), dans la perspective d’un service à accomplir (mission) et dans un style d’implication et d’éducation à la coresponsabilité différenciée (participation)» (147).
«Un autre domaine de grande importance est la promotion dans tous les milieux ecclésiaux d’une culture de la protection (safeguarding), pour faire des communautés des lieux toujours plus sûrs pour les mineurs et les personnes vulnérables» précise encore le texte. (150). Enfin, «les thèmes de la doctrine sociale de l’Église, de l’engagement pour la paix et la justice, de la sauvegarde de la maison commune et du dialogue interculturel et interreligieux doivent également être plus largement diffusés au sein du Peuple de Dieu» (151).
Conclusion – La confiance en la Vierge Marie
Source : Vatican News
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