Bénédiction, fraternité et respect de chacun |
Le premier jour de l’année, en la fête de sainte Marie Mère de Dieu, nous entendons un magnifique passage du livre des Nombres. Il s’agit du texte de bénédiction que Moïse confie à Aaron et à ses fils, c’est-à-dire aux prêtres du Premier Testament, les Cohanim. Moïse, médiateur entre le Seigneur et son peuple, confie cette bénédiction aux prêtres qui invoquent ainsi le nom de Dieu pour les fils d’Israël et leur donnent ainsi d’être bénis par lui. « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » (Nb 6, 24-26).
Ces paroles résonnent ainsi tous les ans au début de l’année civile, comme elles résonnent deux fois par an auprès du Mur des Lamentations du Temple de Jérusalem sur le peuple juif réuni pour les fêtes de la Pâque et des Tentes. L’Église s’inscrit dans cette longue histoire, continuant à demander la bénédiction du Seigneur sur chacun et sur le monde tout entier.
La déclaration du Dicastère de la Doctrine de la Foi, FiduciaSupplicans, fait réagir ; beaucoup réagissent dans un sens ou dans un autre. Avant tout, elle nous rappelle l’importance du geste de bénédiction. Ce geste est une imploration de l’aide de Dieu et le désir d’entrer dans sa volonté. Elle exprime, nous rappelle la Déclaration, « l’étreinte miséricordieuse de Dieu et la maternité de l’Église qui invite les fidèles à avoir les mêmes sentiments que Dieu envers leurs frères et sœurs » (FS §19). Recevoir la bénédiction de Dieu conduit à le bénir, recevoir sa miséricorde et ses bienfaits conduit à le louer, à faire de notre vie une louange.
C’est humblement et dans la confiance que nous demandons la bénédiction de Dieu, montrant ainsi que nous avons « besoin de la présence salvifique de Dieu dans [notre] histoire », « [admettant] que la vie de l’Église jaillit du sein de la miséricorde de Dieu et nous aide à avancer, à mieux vivre, à répondre à la volonté du Seigneur » (FS §20).
Prenant le temps d’accueillir cette déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, j’y vois avant tout une invitation à donner plus de place à la bénédiction dans le ministère des prêtres, mais également dans la vie de tout fidèle. N’est-ce pas extraordinaire de pouvoir bénir l’autre, de reconnaître les bienfaits du Seigneur, d’entendre son appel à le suivre sur le chemin exigeant de la vie chrétienne ? Alors que le mal fait des ravages, alors que nous avons souvent tendance à nous focaliser sur ce qui ne va pas et à déployer un arsenal de critiques et de jugements, Dieu nous comble de sa bénédiction et nous invite à bénir, à dire le bien et à faire le bien.
En ces premiers jours de l’année, nous pouvons souhaiter être habités par le bien et la volonté du bien. Baptisés et confirmés (ou en chemin), nous sommes marqués par l’amour de Dieu et son projet de nous rassembler tous dans son amour. L’amour du Seigneur n’est pas une mièvrerie, il passe par la vérité, par la miséricorde, par la justice, mais il demeure amour et miséricorde. Avec les prêtres, l’Église tout entière a la mission d’apporter la bénédiction de Dieu au monde, une bénédiction qui conduise à une authentique fraternité, dans une liberté éclairée et un respect de chacun.
La véritable bénédiction, c’est Jésus lui-même, qui vient à nous et se donne totalement dans le mystère de Pâques qui est au cœur de la vie chrétienne. L’Église, servante du Christ, doit être signe de cette bénédiction au cœur du monde à travers chacun de ses membres : « Comme Marie, l’Église est médiatrice de la bénédiction de Dieu pour le monde ; elle la reçoit en accueillant Jésus et la transmet en portant Jésus. Il est lui la miséricorde et la paix que le monde ne peut se donner de lui-même et dont il a besoin toujours, comme et plus que du pain » (FS §44 citant Benoît XVI). Puisse notre Église diocésaine de Troyes être rayonnante de la bénédiction de Dieu !
Mgr Alexandre Joly, évêque de Troyes