Billet de l’évêque
Après le long cheminement de carême, nous célébrons le mystère de Pâques pendant cinquante jours. Il y a deux mille ans, les disciples étaient désemparés devant la violence qui s’était déchaînée sur Jésus. Comment une telle haine avait-elle pu se déployer contre Jésus alors qu’il était le juste par excellence, alors qu’il avait passé son temps à relever les personnes blessées et ouvrir une espérance à ceux qui étaient perdus dans l’ombre du désespoir. Ils attendaient qu’il soit le messie, sans bien savoir quelle sorte de messie il pourrait être. Leur histoire, la vie de la société et leur expérience religieuse les conduisaient à imaginer un petit peu l’instauration du règne de Jésus. Mais là, la mort et la mise au tombeau de Jésus mettaient à terre leur espérance et les conduisaient à douter de la réussite de la mission de Jésus, l’envoyé du Père.
En célébrant le mystère de Pâques, nous sommes à notre tour les disciples, les femmes et les hommes qui ont suivi Jésus et qui ne comprennent pas. Nous marchons sur la route d’Emmaüs, tout tristes, nous demandant comment l’Ukraine et la Russie vont sortir de l’impasse de destruction, nous interrogeant sur l’avenir de l’Église, peut-être nous questionnant sur notre capacité à sortir de telle ou telle difficulté.
En marchant avec nous, Jésus nous invite à relire le chemin de notre vie, à relire l’histoire du Peuple de Dieu, à plonger nos regards dans l’Ecriture Sainte et à découvrir que Dieu est fidèle et qu’Il ne déçoit jamais. Nous aimerions que le Seigneur réponde de manière visible et rapide à nos demandes, à nos supplications, comme nous l’avons imaginé. Mais le temps de Dieu n’est pas le temps des hommes. Ou plutôt, en Père aimant et plein de miséricorde, Dieu nous conduit petit à petit dans la joie pascale, la joie véritable.
En fêtant Pâques, nous partageons la joie de Marie qui est restée fidèle et habitée par la foi, nous expérimentons la joie de Marie-Madeleine qui rencontre le Christ Ressuscité au matin de Pâques, nous vibrons avec l’enthousiasme des disciples d’Emmaüs qui réalisent combien leur cœur était tout brûlant tandis que Jésus leur parlait et leur ouvrait leur cœur à l’intelligence des Écritures.
Le monde a besoin d’hommes et de femmes de foi, dont le cœur est habité par la reconnaissance envers Dieu, qui veulent témoigner de la joie de Pâques que nous célébrons au cours de cette nuit très sainte. Les chrétiens ne sont pas désabusés mais sans cesse renouvelés intérieurement par la victoire du Christ sur la mort. Alléluia !
+ Alexandre Joly
évêque de Troyes