Chers amis, au terme de cette célébration, avant de vous donner la bénédiction du Seigneur, je tiens à vous dire ma joie. Joie de nous voir rassemblés dans la cathédrale Saint–Pierre Saint–Paul, dans l’église Saint–Urbain, ou encore rejoints par le service de KTO et de la page Youtube. Joie qui est plus grande que ce que nous pouvons percevoir, joie de Dieu qui se répand dans nos cœurs. Les conditions liées à la situation sanitaire ne nous permettent pas de nous retrouver pour nous saluer et prendre le temps d’échanger ; peu importe, nous aurons l’occasion de nous rencontrer, de faire connaissance, d’échanger, et d’avancer ensemble.
Je dois vous confesser que j’aime l’Église. J’aime l’Église qui habite dans le monde et dont les membres participent à la vie de notre société ; je tiens à saluer les autorités civiles qui nous ont fait l’honneur de leur présence, laissant présager une juste collaboration pour le souci du bien commun ; vous saluer Monsieur le préfet, Mme la vice–présidente du département représentant le président empêché, M. le maire. Le
conseil permanent des évêques l’exprime dans son récent document « L’Espérance ne déçoit pas », « Le risque de fracturation de notre communauté nationale tout comme la recrudescence des tensions internationales sont réel. La période électorale constitue une occasion pour chacun d’assumer mieux ses responsabilités à l’égard de tous. Notre foi chrétienne nous pousse à affirmer et à reconnaître les capacités de justice et de paix présentes dans le cœur humain » (CONSEIL PERMANENT, L’Espérance ne déçoit pas, §3). Votre présence manifeste le soin que vous portez à l’unité nationale, au bien commun et à l’attention des personnes. Soyez–en chaleureusement remerciés. Nous œuvrons avec vous dans l’écoute, le dialogue et la compréhension.
J’aime l’Église qui participe au dialogue entre les religions ; « tous les peuples forment une seule communauté ; ils ont une seule origine puisque Dieu fait habiter tout le genre sur toute la surface de la terre » (CONCILE VATICAN II, Décret Nostra Aetate, §1). Je suis heureux de saluer les représentants des autres religions que l’Église regarde avec estime comme le rappelait le Concile Vatican II ; nos amis Musulmans, nos frères aînés dans la foi, les Juifs, porteurs de l’Alliance de Dieu.
J’aime l’Église qui n’est pas fermée sur elle–même et qui travaille à l’unité ; en cette semaine mondiale de prière pour l’unité des chrétiens, je me réjouis de la présence parmi nous de nos frères chrétiens d’autres confessions, l’Église protestante unie de France, l’Église orthodoxe, avec une attention toute particulière pour les Chrétiens d’Orient qui ont composé les méditations proposées à toutes les Églises chrétiennes
cette semaine.
J’aime l’Église qui, fidèle à son Seigneur, donne la priorité aux plus petits et aux plus fragiles. Avec humilité, nous, les évêques réunis en assemblée plénière en novembre dernier, avons reconnu la responsabilité institutionnelle de l’Église dans les violences subies par tant de personnes et la dimension systémique des abus. Avec vous tous, nous allons travailler humblement à être un lieu sûr, un lieu où l’Évangile est vécu en vérité, sans mensonge.
J’aime l’Église Corps du Christ avec tous ses membres unis à la Tête qu’est le Christ. Je veux dire mon attachement aux prêtres, à la beauté de leur ministère, avec une reconnaissance pour la vie donnée. Rendons grâce au Seigneur qui nous donne des prêtres pour le service du peuple de Dieu. Ensemble, le presbytérium uni autour de l’évêque, nous allons poursuivre le service du peuple de Dieu qui nous est confié. L’Église s’enrichit de nombreux ministères : les diacres accompagnés de leurs épouses, les laïcs en mission. Je rends grâce pour la présence de la vie consacrée dans notre diocèse, source de la fécondité de l’Église dans l’Aube.
Aujourd’hui, dans la cathédrale, comment ne pas rendre grâce de la très belle articulation des missions qui a permis de célébrer le Seigneur dans la joie, les compétences des uns et des autres contribuant à la beauté de l’ensemble et à la prière de chacun. Je tiens à remercier tout particulièrement les personnes qui ont donné de leur temps, et souvent beaucoup de leur temps, pour la mise en œuvre de la célébration, sa qualité, sa retransmission, mais également les multiples services, souvent discrets, permettant à chacun de participer, là où il est, à cet événement de notre diocèse.
J’aime l’Église de la fidélité, et la fidélité qui se vit dans l’amitié : je suis très touché par la présence de nombreux amis, et parmi eux ceux de Rennes et de Rouen, témoignage de ce qu’il m’a été donné de vivre dans les vingt–cinq premières années de mon sacerdoce. Les amis rencontrés au gré du chemin de la vie, liens tissés et gravés dans le cœur, le cœur de Dieu. Je n’oublie pas les très nombreux amis qui sont en
communion avec nous sans avoir pu se déplacer.
J’aime l’Église qui prend soin de la famille : la présence de ma famille, de mes parents, de mes frères et leur propre famille, me rappelle tout ce que j’ai reçu. Je dois beaucoup à mes parents, dans leur témoignage de vie, de vie chrétienne, dans la ténacité pour affronter les épreuves, dans leur attachement au Christ et à l’Église.
J’aime l’Église qui vit dans la communion. La communion entre toutes les Églises locales se vit avec le successeur de Pierre et sous son autorité. Je remercie Mgr Migliore pour sa présence ; à travers vous, je tiens à remercier le Pape François pour sa confiance et lui assurer la communion de l’Église qui est à Troyes avec lui et avec l’Église universelle. Je rends grâce pour la présence de mes nombreux frères dans l’épiscopat : dans l’exigence du ministère épiscopal, quelle grâce que l’amitié et la fraternité entre évêques ! L’Évêque promeut la dimension synodale de l’Église, mais il s’appuie beaucoup sur la collégialité, dont j’ai déjà goûté la richesse et la beauté. Si je quitte avec regret mes frères évêques de la Province de Rennes, je suis heureux de m’inscrire dans l’histoire de la Province de Reims, en remerciant chaleureusement Mgr de Moulins–Beaufort pour son accueil très amical, très fraternel : c’est avec enthousiasme que je viens travailler à vos côtés et aux côtés des frères évêques de la Province. Je salue mes chers frères Dominique Lebrun et Jean–Charles Descubes, Pierre d’Ornellas que j’ai assisté comme évêque auxiliaire pendant presque trois années. J’adresse un grand merci à Mgr Marc Stenger, évêque émérite de Troyes, pour tout le dévouement qu’il a mis au service de l’Église dans l’Aube pendant plus de vingt ans : c’est une grâce de pouvoir inscrire mes pas à sa suite, dans la continuité de ce qu’il a semé ! Merci à Mgr Giorgio Bertin venu de Djibouti, qui rappelle la richesse de l’échange des dons entre Églises, sans oublier l’archevêque de Medellin qui est en communion avec nous.
Chers frères et sœurs, chers amis, le département de l’Aube est riche d’un patrimoine exceptionnel, que j’aurai beaucoup de joie à découvrir, signe de l’histoire, et je constate déjà le soin apporté pour sa conservation, sa restauration, sa mise en valeur. Mais le département de l’Aube est riche d’un patrimoine encore plus exceptionnel : vous ! C’est vous, l’Église que Dieu aime ; et je suis heureux de venir vous servir, comme
évêque. Vous êtes désormais mon Église locale, et j’en suis profondément heureux.
J’exprime le souhait que notre Église soit ouverte d’abord aux pauvres, aux petits, aux plus vulnérables. En servant les pauvres, quelle que soit leur pauvreté, c’est le Christ que nous servons. Puisse notre Église diocésaine être une réelle servante du Christ dans ses frères et sœurs.
Chers amis qui êtes le patrimoine vivant de l’Aube, je viendrai à votre rencontre, je prendrai le temps de venir vous rencontrer, pour apprendre à vous découvrir et à vous aimer. Parmi vous, j’adresse un message tout particulier aux jeunes : vous êtes l’aujourd’hui de Dieu et j’ai besoin de vous pour servir l’Église, pour annoncer la Bonne Nouvelle, pour répandre la joie de l’Évangile. Vous êtes membres du corps du Christ : prenez toute votre place, aimez le Christ, servez vos frères et sœurs. Dans votre rencontre personnelle avec le Christ, demandez–lui humblement et dans la confiance : « Seigneur, que veux–tu que je fasse ? Comment veux–tu que je te serve ? » et donnez de vous–mêmes avec joie et générosité, vous serez comblés en retour. Nous ferons tout pour organiser la marche de Pâques à laquelle vous êtes attachés. Avec vous, comme l’évoquait sœur Maria–Rita récemment, « Nous prions pour une Église qui soit heureuse d’être l’Église » !
Enfin, avec vous tous, je tiens à remercier chaleureusement le Père Jérôme Berthier, qui a administré le diocèse pendant treize mois, avec beaucoup de sagesse, de patience, veillant à ce que le diocèse poursuive sa mission dans l’attente d’un nouvel évêque. Jérôme, je vous remercie beaucoup, et je sais que le Seigneur vous est gré du dévouement que vous avez mis à servir l’Église pendant ces derniers mois !
Je vous annonce ma première nomination dans le diocèse de Troyes. Aujourd’hui, je nomme le Père Jérôme Berthier vicaire général de notre diocèse.
Avant de recevoir la bénédiction, tournons–nous vers Marie, Notre–Dame de l’Espérance, étoile qui guide notre chemin.
Vierge Marie, mère de Jésus, tu es mère de l’Église, notre Mère : Notre–Dame du Chêne, Notre–Dame de la Sainte–Espérance, Notre–Dame des Vignes, Notre–Dame de la Paix, Notre–Dame du Chemin, parmi les nombreuses manières dont tu es invoquée dans notre diocèse, veille sur chacun d’entre nous, tes enfants, sur tous les habitants de l’Aube.
+ Alexandre Joly
évêque de Troyes