Message de Monseigneur Marc Stenger, 5 septembre 1999
Chers amis,
L’Évangile que nous avons entendu proclamer tout à l’heure se terminait par une déclaration du Christ qui nous est bien connue : «Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux.» Cette parole de Jésus, consolation des communautés un peu trop clairsemées, encouragement pour les groupes qui cherchent, en ce jour et en cette cathédrale, n’est pas à lire comme une promesse, mais comme quelque chose d’accompli. Aujourd’hui, en cette cathédrale, nous ne sommes pas que deux ou trois. Nous sommes une foule nombreuse et le Christ est là, au milieu de nous. Plus encore, c’est Lui qui nous rassemble et fait de nous tous, d’où que nous soyons, son Eglise.
Voilà pourquoi les premières paroles que j’aimerais exprimer devant vous sont des paroles d’action de grâce. J’aimerais rendre grâce pour l’Eglise, multiple et foisonnante, ici rassemblée ; j’aimerais rendre grâce pour chacun de vous en particulier, dont la présence est riche de signification et donne une figure enthousiasmante à notre Eglise.
En premier lieu je voudrais rendre grâce pour l’Eglise qui m’a porté tout au long de mon histoire jusqu’à ce jour, l’Eglise de Moselle, au sein de laquelle j’ai appris à connaître le Christ, où j’ai trouvé un sens à ma vie et où j’ai pu donner une épaisseur à mes décisions d’homme. Ils sont nombreux ici, ceux avec qui j’ai fait route, paroissiens de Queuleu et de Notre-Dame à Metz, jeunes, séminaristes, prêtres, religieux et religieuses, chrétiens des équipes Notre Dame, du MCC, chrétiens soucieux d’approfondir et de renouveler leur foi, et tant d’autres encore, sans compter auparavant ma famille, à qui je dois tant, mes amis, mes formateurs, tant de visages qui ont compté dans ma jeunesse. Je ne saurais les nommer tous. D’ailleurs, si l’on voulait être sûr de ne pas faire d’oubli, il ne faudrait nommer personne. Ce serait pourtant bien dommage, car j’ai conscience que tous ceux qui sur ma route m’ont aidé à me construire l’ont fait parce qu’ils étaient très précisément ceux qu’ils étaient. J’aimerais saluer tout particulièrement celui qui fut mon évêque, Monseigneur Raffin, et lui dire ma reconnaissance. Il n’a pas été l’évêque de mon ordination presbytérale. Je mis heureux qu’il soit celui de mon ordination épiscopale et pour moi il restera celui qui m’a fait confiance dans les missions qu’il m’a confiées.
Je rends grâce pour l’Eglise qui m’accueille aujourd’hui et dont j’ai déjà eu l’occasion de côtoyer le dynamisme et l’espérance. Nous le savons bien, notre Eglise de Troyes est infiniment plus que le charisme de chacun de nous, elle est même plus que la somme de nos efforts passés, présents et à venir pour en faire un espace chaleureux, attentif et accueillant aux joies et aux peines des hommes. Notre Église de Troyes, avec ses manques et avec ses richesses, est avant tout l’Eglise de Jésus Christ, une, sainte, catholique et apostolique, habitée par sa Parole, vivifiée par son Esprit. Mais elle ne l’est que par chacun d’entre nous, évêque, prêtres et diacres, chrétiens engagés et consacrés et tous les baptisés. Elle ne l’est que par tout ce que nous faisons dans nos groupes, dans nos communautés, dans nos mouvements, partout où nous sommes au rendez-vous des hommes, pour que l’Évangile soit annoncé et que la charité soit vécue. J’ai déjà eu le temps de me laisser émerveiller par le souffle qui traverse tous ces lieux d’Eglise de la terre auboise. Pour l’heure je n’en connais que l’un ou l’autre. Avec vous désormais je veux me laisser emporter.
Vous me permettrez de faire un instant mention de la célébration à laquelle nous venons de participer. Si elle est le fruit de nombreux efforts et de bien des fatigues -que chacun de ceux qui en ont été les artisans accepte l’expression de ma profonde gratitude- elle aura surtout été le signe fort d’une Église bien vivante, qui sait se réjouir et partager sa joie. Heureuse perspective pour un nouvel évêque !
Et je voudrais remercier de manière particulière deux hommes qui ont été les témoins privilégiés du travail de l’Esprit au cœur de
cette terre. Le premier, c’est Monseigneur Gérard Daucourt, mon prédécesseur sur le siège de Troyes. Nous avions déjà entre nous une succession qui n’était pas apostolique. Aujourd’hui c’est le relais du pasteur de l’Eglise de Troyes qu’il me transmet. Je lui suis infiniment reconnaissant d’avoir accepté de m’ordonner. A sa suite, et après les 106 autres évêques de Troyes, -en ayant un pensée spéciale pour Monseigneur André Fauchet encore si présent dans beaucoup de mémoires- je veux, avec les prêtres, les diacres et tous les chrétiens engagés dans la vie diocésaine, me mettre au service de cette Eglise, de la croissance de chacun et de la communion de tous. Et j’aimerais rendre un hommage tout particulier à l’un de ses prêtres, le P. Bernard Savourat, administrateur du diocèse pendant de longs mois, dans l’attente d’un évêque qui n ‘arrivait pas. Il a su, entouré de son équipe, être présent, rassembler Les énergies, susciter, encourager, rassurer, foire patienter. L’Eglise de Troyes Lui doit une grande reconnaissance.La mienne lui est acquise. C’est lui qui avec son équipe m’a accueilli, qui a guidé mes premiers pas dans la rencontre de ma nouvelle terre. Un nouvel évêque a besoin d’être conduit, d’être éclairé, d’être conseillé, car il n ‘est qu’un enfant, il ne sait pas parler, comme dit le prophète Jérémie. Le P. Bernard Savourat et toute l’équipe qui l’entourait veulent bien continuer à m’accompagner pendant quelque temps encore sur les chemins de la mission épiscopale et à me foire bénéficier de leur expérience. Qu’ils en soient tous remerciés et que le Père Savourat le soit en particulier d’accepter d’être mon premier collaborateur dans la fonction de vicaire général
La grâce de cette journée d’ordination, c’est aussi de nous rappeler que l’Eglise de Jésus Christ que nous sommes ne s’arrête pas aux frontières de nos affinités, de nos groupes, de nos communautés, de nos paroisses, de nos diocèses. Mon cœur se réjouit de ce qu’aujourd’hui, en cette cathédrale, l’Eglise se révèle dans sa diversité et dans son universalité. Que cette assemblée aux multiples visages soit pour nous, catholiques de l’Aube, une invitation renouvelée à ouvrir nos portes et nos cœurs à l’autre, au différent, au petit, à l’étranger, une invitation aussi à poursuivre un dialogue constructif sur notre commune responsabilité de bâtisseur de l’avenir avec tous les hommes de bonne volonté, une invitation à l’accueil et au respect de ceux qui cherchent Dieu par d’autres chemins que le nôtre, une invitation enfin à vibrer à l’unisson de toutes les communautés chrétiennes répandues à travers le monde.
J’aimerais saluer tous ceux qui dans cette assemblée m’invitent, nous invitent ainsi à penser et à vivre notre Eglise comme une Eglise de la fraternité, de l’ouverture, du dialogue, de l’universalité, une Eglise de la charité. C’est un grand honneur pour moi d’adresser, hors de tout protocole, mes salutations aux représentants des pouvoirs publics et aux élus de cette ville, de ce département, de cette région et de les remercier de leur présence. Monsieur Le Préfet, Monsieur le Maire de Troyes, Monsieur le vice-président du Conseil général, Mesdames et Messieurs les députés et sénateurs, conseillers généraux, maires, Messieurs les représentants de l’Armée, de la Magistrature et de l’Université, j’aimerais que vous considériez l’évêque et l’Eglise de Troyes comme les partenaires d’une cause qui nous sollicite tous, le bien des hommes. Je suis très touché de la présence de nombreux représentants des corps constitués de Metz, de la Moselle et de plus loin. Monsieur le Sénateur-maire de Metz, Mesdames et Messieurs les adjoints, conseillers municipaux, généraux et régionaux, Madame la Présidente de l’Université de Metz et vous tous, élus du département de la Moselle, soyez remerciés d’être là. Votre présence me rappelle le soutien que j’ai toujours trouvé auprès de vous dans la mission que j’avais à remplir lorsque j’étais à Metz. Je considère comme un signe d’amitié le fait qu’il se prolonge ici pour le nouveau chantier sur lequel je suis appelé à travailler. Votre présence est aussi pour moi la confirmation qu’on peut toujours se rejoindre, quelle que soit notre position dans la vie de la société et notre approche du monde, lorsqu’on partage des convictions essentielles.
Ma pensée reconnaissante va aussi à mes frères évêques et à leurs représentants. Leur présence me touche, m’encourage et me rap-pelle que la mission reçue aujourd’hui est à assumer avec toute l’Eglise et pour toute l’Eglise. Un évêque n’est jamais seul. Il fait partie d’un collège de frères qui portent ensemble le souci de proposer la foi au monde, unis autour de celui qui en est la tête, notre pape Jean-Paul Il, dont je salue cordialement le représentant.
Si vous le permettez, je voudrais saluer de manière tout à fait particulière Monseigneur Hermann-Joseph Spital, évêque de Trêves. Sa présence m ‘est particulièrement chère, car elle signifie avec force que l’Eglise passe toute frontière et qu’elle est le lieu de la paix et de l’amitié, une paix et une amitié qui ne sont pas de circonstance, mais qui sont enracinées dans le cœur de Dieu. Sehr geehrter Herr BischofSpital, danke, dass Sie in dieser Gelegenheit da seid. Für mich ist das ein grosser Zeichen, dass in der Geschichte das letzte Wort for die Freundschaft sein kann und in der Kirche es for die Kommunion Christ.
Merci aussi à mes frères des autres confessions chrétiennes d’être là, tout spécialement à mes amis pasteurs d’Alsace-Moselle. Mon expérience est que pour avoir cheminé avec eux je me suis retrouvé enrichi dans ma foi catholique et je sais qu’il en sera de même ici pour l’Eglise de Troyes et son évêque grâce aux relations qui existent déjà entre nos communautés. A cet égard le nouvel évêque de Troyes n’aura du reste qu’à se laisser enseigner par l’exemple de son prédécesseur. Dans le même esprit je salue mes frères des autres religions du Livre et tous les hommes de bonne volonté qui sont ici. Je souhaite que nos chemins soient appelés à se croiser souvent, dans le respect et l’esprit de communion.
Je me tourne enfin vers tous mes frères et sœurs, prêtres et laïcs qui durant toutes ces années m’ont permis d’élargir mon regard par-delà le pré carré du quotidien. Grâce à eux j’ai été conduit à passer toute sorte de frontières et à faire l’expérience que l’Eglise du Christ est sans frontière. Je salue tous ces frères et toutes ces sœurs d’Europe, d’Asie, d’Afrique, d’Amérique du Nord et du Sud et de la Lointaine Océanie qui aujourd’hui sont présents dans cette cathédrale. Ils témoignent que l’Eglise, notre Eglise va jusqu’aux extrémités de la terre. Je voudrais les assurer qu’ici à Troyes nous ne l’oublierons pas.
Un évêque n’a pas d’autre ambition que d’attester le travail de l’Esprit au milieu des hommes et de lui donner lieu sur une terre précise. Avec votre aide, frères et sœurs chrétiens de l’Aube et vous tous les amis de partout qui êtes là aujourd’hui pour dire que la route commune continue, en particulier vous mes amis prêtres, j’aimerais l’attester largement, en sachant écouter, accueillir, reconnaître ce que chaque homme possède en lui comme part d’éternité. Dans l’Eglise chacun doit trouver sa place. Mais je ne voudrais pas conclure sans rappeler que dans le cœur de Dieu il y a des privilégiés, ce sont les petits, les pauvres, les handicapés -j’ai été heureux d’en saluer quelques-uns tout à l’heure- les jeunes qui sollicitent et bousculent notre Eglise, et j’en oublie certainement. Puisqu’ils sont les privilégiés du cœur de Dieu, l’Eglise leur doit une attention toute particulière. Je voudrais vous assurer que dans le cœur de l’évêque elle leur est acquise, pour qu’il soit davantage «tout à tous».
Chers amis, je vous remercie de la patience avec laquelle vous m’avez écouté. Je salue aussi la vaste Eglise qui par l’efficacité de RCF Aube et de Radio Jérico est en communion de prière et de fête avec nous. Que cette fête de l’Eglise prolonge ses effets dans le quotidien de nos Eglises. Alors chaque jour sera fête !