Livre de Jérémie 14, 17-22
Que mes yeux ruissellent de larmes nuit et jour, sans s’arrêter ! Elle est blessée d’une grande blessure, la vierge, la fille de mon peuple, meurtrie d’une plaie profonde. Si je sors dans la campagne, voici les victimes de l’épée ; si j’entre dans la ville, voici les souffrants de la faim. Même le prophète, même le prêtre parcourent le pays sans comprendre.
As-tu rejeté Juda ? Es-tu pris de dégoût pour Sion ? Pourquoi nous frapper sans remède ?
Rappelle-toi : ne romps pas ton alliance avec nous ! Parmi les idoles des nations, en est-il qui fassent pleuvoir ?
N’est-ce pas toi, Seigneur notre Dieu ? Nous espérons en toi, car c’est toi qui as fait tout cela.
Méditation
La première lecture de ce mardi est tirée du livre du prophète Jérémie. Elle évoque bien l’épreuve que nous traversons aujourd’hui. Chaque jour nous avons devant les yeux les conséquences de la pandémie. Aujourd’hui aux informations on parle beaucoup du chômage qui s’est abattu comme une déferlante sur notre monde. De nouveau apparaissent des « clusters », des foyers d’infection du virus, parce que la liberté retrouvée a conduit à relâcher l’attention aux gestes de protection nécessaires. Sommes-nous donc une terre desséchée, mortellement blessée, abandonnée de Dieu ? Non, il y a certes de l’ivraie dans notre champ et il faut nous en débarrasser, si nous voulons faire une bonne récolte, si nous voulons faire des projets constructifs pour demain, si nous voulons que renaisse l’espérance. Pour nous en débarrasser, il faut le repérer, l’identifier, le nommer. C’est de faire prévaloir son propre intérêt, c’est d’oublier que l’autre a besoin de notre attention et de notre amour, c’est de laisser la sécheresse envahir notre cœur.
On parle volontiers d’un « monde nouveau », qu’est-ce qui fera qu’il sera nouveau ? C’est si nous savons reconnaître et accueillir la nouveauté que Dieu nous invite à découvrir. Pour cela nous avons à nous poser des questions. Ne faut-il pas apprendre à mieux mesurer le sens et les conséquences de ce que nous faisons. N’est-ce pas l’occasion de nous poser des questions sur notre rapport au travail ? Beaucoup étaient engagés dans un cycle infernal de production/consommation. L’homme n’est pas fait que pour produire. Il est fait aussi pour créer du beau, pour partager, pour prendre le temps de vivre. Bien-sûr il faut que nous sortions de la plaie du chômage. Mais peut-être devrions-nous réfléchir aussi à d’autres rythmes et à un meilleur partage du travail les uns avec les autres. L’autre question actuelle c’est ce retour insidieux du virus que nous ne savons éviter qu’avec l’application de mesures drastiques. Que veut dire cette nécessité que des barrières soient imposées par la société, alors que nous pourrions choisir nous-mêmes les gestes qui font vivre, en acceptant de ne pas nous contenter de ce qui nous fait vivre, mais en choisissant de faire ce qui est juste pour tous. En ces temps de « reconstruction », retrouvons le bon grain du Royaume.