Texte : Qo 11 ; 4-6photo Mgr Marc Stenger

(en écho avec la lettre de Mgr de Moulins-Beaufort au Président Macron)

Lance ton pain à la surface des eaux, car à la longue tu le retrouveras.
Qui observe le vent ne sème pas, qui regarde les nuages ne moissonne pas.
De même que tu ignores le cheminement du souffle vital, ou celui de l’embryon dans le sein de la femme, ainsi tu ne peux connaître l’œuvre de Dieu, Lui qui fait toutes choses.
Le matin, sème ton grain, et le soir, ne laisse pas ta main inactive, car tu ne sais pas, de l’une ou de l’autre activité, celle qui convient, ou si toutes deux sont également bonnes.

Méditation

L’homme contemporain peut avoir l’impression d’une certaine maîtrise sur ce qui paraissait autrefois mystérieux et divin. Pourtant en 2020 à la sortie du confinement que nous venons de vivre, nous nous retrouvons face à la même question qu’au temps du Qohélet : comment agir ?

Ce chapitre 11 du Qohélet est excellent pour une sortie de crise. Pendant deux mois on a pu broyer du noir, remettre beaucoup de choses en question. Voilà que l’Ecriture nous invite à ne pas en rester à « observer le vent » et à « regarder les nuages », mais à « oser agir ». « Lance ton pain à la surface des eaux ». Tout au long de ce passage résonnent des invitations à agir comme autant d’impératifs : lance, donne, sème, ne laisse pas reposer ta main ». Mais dans le même temps, il nous est rappelé que nous sommes environnés par l’inconnaissable, nous ne sommes pas capables de pénétrer tous les mystères de la nature, le secret d’un petit virus, dont l’apparition saccage la vie de toute une société. Et le Qohélet nous rappelle l’énigme ultime : « Tu ne peux connaître l’œuvre de Dieu ».

Alors, agir comment ? Bien avant la pandémie, nous avions déjà entendu l’appel du pape François dans Laudato si à changer nos modes de vie, nos façons de produire et de consommer. La pandémie a valeur d’avertissement. Mais en relisant ce que nous y avons vécu, nous pouvons dire qu’elle a aussi pour nous valeur de promesse. On peut vivre autrement, on peut prendre réellement « soin de soi et des autres ». Nous avons découvert que le progrès humain peut se traduire en croissance du don de soi et en service des autres. Cette promesse, nous chrétiens, nous pouvons l’inscrire dans le prolongement de la Pentecôte, de l’envoi de l’Esprit Saint par le Christ, qui donne à notre mission de baptisés sa cohérence et son élan. Dans le contexte actuel de bouleversement de bien des acquis et des habitudes, nous avons besoin de promesses pour avancer avec confiance et insuffler une nouvelle espérance qui passe par le chemin intérieur de chacun.

Laissons-nous donc conduire par l’Esprit et nous pourrons être cet « homme adulte », dont parle le Qohélet qui avec audace, « le matin sème son grain et le soir ne laisse pas de repos à sa main » (Qo 11, 6).

 

 

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