Cet été, l’Aube aura vibré au rythme du sport : avec les nombreuses compétitions sportives, locales, scolaires, le Championnat d’Europe de football à distance, nous avons vécu le Tour de France, avec une étape complète dans l’Aube, célèbre avec les chemins blancs des vignes, un départ et une arrivée à Troyes ; ensuite, alors que nous nous préparons à vivre la fête nationale, nous accueillerons le passage de la flamme avec de nombreux Aubois invités à prendre leur place dans cette course de relais. Bien sûr, les jeux Olympiques eux-mêmes, avec les villes de Troyes, de Romilly-sur-Seine, de Nogent-sur-Seine et de Saint-Julien-les-Villas choisies pour accueillir des délégations à l’entraînement dans des centres de préparation conçus pour cela.
L’Église s’est toujours intéressée au sport et aux disciplines sportives, y voyant un lieu d’accomplissement et d’exercice spirituel lorsqu’elles sont pratiquées de manière juste et respectueuse. Pour les JO, l’Église rivalise de projets pour prendre sa part dans ce grand événement, avec des courses, des propositions spirituelles, un accompagnement des sportifs, un accès privilégié pour les personnes en précarité. On entend l’apôtre Paul nous interpeller sur la vie spirituelle en prenant exemple sur les courses sportives : « Vous savez bien que, dans le stade, tous les coureurs participent à la course, mais un seul reçoit le prix. Alors, vous, courez de manière à l’emporter. Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas » (1re lettre aux Corinthiens, 9, 24-25).
Pierre de Coubertin, à qui nous devons la remise en route des jeux Olympiques et la fondation du Comité international olympique, s’est engagé au nom de sa foi pour développer le sport dans le monde scolaire et développer cette compétition sportive qui marque le monde entier, allant jusqu’à créer également les jeux Olympiques d’hiver après avoir dessiné les anneaux olympiques. Son éducation chrétienne et son intérêt pour le scoutisme ont joué une grande part dans l’intérêt qu’il portait aux disciplines sportives.
Il rencontre un dominicain, Henri Didon, lors d’une compétition sportive rassemblant des élèves de l’école publique et de l’école catholique, et ils sont devenus très amis. C’est à ce dominicain que nous devons la devise des JO : « Citius, altius, fortius », c’est-à-dire « Plus vite, plus haut, plus fort ». Nous voyons bien la portée sportive et stimulante de cette devise. Une polémique va naître, certains estimant que cette devise a encouragé le culte de la performance et la course au dopage, sans respect pour le corps humain. Ainsi, en 2021, le CIO a décidé d’ajouter le terme de « communiter » pour signifier « ensemble ».
Cependant, la devise voulue par le père Henri Didon avait une dimension clairement spirituelle. Il s’agissait, tout en stimulant l’exercice sportif avec le sens que nous lui connaissons, d’inviter à vivre une élévation vers Dieu. L’ordre originel était d’ailleurs « Citius, fortius, altius » : en menant un travail sur l’esprit et sur le corps, nous sommes invités à élever l’âme vers Dieu. C’est Pierre de Coubertin qui changera l’ordre voulu par son ami, après sa mort, en vue de respecter la neutralité laïque du sport.
Notre société a tendance à se fracturer, avec des divisions, des rejets, des jugements, des violences verbales ou physiques. Vivre les jeux Olympiques pourrait nous inviter à retrouver l’origine spirituelle de la devise des JO et à chercher l’élévation vers Dieu dans le respect des convictions de chacun, à rechercher le respect de l’autre, de tout autre, de tout l’autre. Vibrer ensemble pour des disciplines sportives pourrait nous rappeler comment nous pouvons vibrer pour la vie en société, dans l’amitié sociale et la juste fraternité. Sans doute avons-nous besoin de quelques lumières et enseignements spirituels, d’une vie intérieure, de ne pas oublier que nous sommes faits pour Dieu comme aimait à le dire saint Augustin.
En vivant les compétitions sportives ou bien en admirant l’effort et la compétition de ceux qui sont ainsi engagés, travaillons à l’amitié sociale entre les personnes, au sein de notre pays. Ne laissons pas l’esprit de division créer des violences et des rejets, soyons des hommes et des femmes de paix et de communion, au sein de nos familles, au sein de notre Église, au sein de notre pays. Nous avons besoin de plus de vie intérieure et spirituelle pour redécouvrir la beauté des relations humaines et le respect que nous devons avoir les uns pour les autres. Puisse l’été être un temps d’intériorité et de prise de conscience de notre vocation pour les réalités élevées, et porter du fruit pour vivre l’amitié sociale dans notre pays.